Pourquoi reparler de la tempête Alex ?

UNE PÉRIODE DIFFICILE

L’année 2020 est la plus étrange que j’ai vécue en tant que Président du CAUE06 depuis que j’en ai la charge.

Tout avait bien commencé, et notre organisme bien rodé aux missions que nous a confiées l’Etat en 1977, développait ses compétences que ce soit au niveau du conseil, de la formation et de la sensibilisation.
En projet, nous avions prévu avec la création en 2016, du volet «paysage», de nombreux stages de formation sur les végétaux et la végétalisation spécifiques du Département, des conférences sur ce thème, ainsi que des réunions importantes avec les élus.

16 mars 2020. La Covid s’installe.
Nous fermons les locaux du CAUE au public et nos collaborateurs sont renvoyés chez eux en télétravail.
Finis les conférences, stages, visites sur site, conseils directs aux particuliers, déplacements non indispensables, concours-photo, études de projets. Tout est à l’arrêt.
Cependant, malgré ce confinement des corps et des esprits, j’ai voulu maintenir l’essentiel de l’activité première du CAUE, le conseil aux collectivités et aux particuliers.
Avec une réorganisation rapide, nos architectes-conseil ont continué leur mission en distanciel. Nous avons également maintenu, par rotation, une permanence pour les urgences, tout en évitant au maximum les rencontres et déplacements.
L’été passé, et l’épidémie ralentie, la tempête Alex a ravagé une bonne partie du Département. Ces territoires que nous aimons tant ; nos efforts de tant d’années balayés en quelques heures.
Que faire ? La sidération et la douleur étant nos tout premiers sentiments.

Nos architectes-conseil, en charge de ces zones, n’ont pu que constater l’ampleur de la catastrophe. M’étant déplacé plusieurs fois avec l’équipe du CAUE, nous ne pouvions que pleurer le désastre humain et matériel et plus nous montions dans les vallées, plus la réalité était effrayante.
Rapidement, nous avons pris conscience de la portée de ces destructions massives et imposantes, similaires à des destructions de guerre.
La première phase de déblayement, de sécurisation, de relogement des victimes, de réouverture des voies d’accès a été admirablement entreprise par les services de secours, les services de l’Etat, le Conseil Départemental, les associations et les bénévoles.
Je tiens à remercier chaleureusement au nom du CAUE06, tous ceux qui sont intervenus dans l’urgence et qui ont entrepris un travail remarquable avec une impressionnante énergie et un courage admirable.
Merci à tous, nous ne vous oublierons jamais !
Dans la seconde phase, après les destructions et l’urgence, on pense reconstruction, et faire d’un malheur, une force, comme pour défier le destin.
Le CAUE06 réfléchit depuis longtemps au développement du haut et moyen pays. Il élabore des stratégies, imagine des structures innovantes et analyse les atouts et les contraintes de notre territoire.
Pourquoi ne pas saisir l’opportunité de cette catastrophe pour repenser notre département, comme le font les pays alpins et préalpins que sont l’Italie du Nord, la Ligurie, l’Autriche, la Suisse, la Bavière qui ont des qualités de vie nettement supérieures aux nôtres et où la qualité de l’habitat joue un rôle essentiel ?
Pourquoi ne pas reconstruire nos villages de façon durable, respectant notre patrimoine et nos traditions et non pas des plans courants en béton préfabriqué pour vite reloger les gens.
‘’Le beau n’est pas plus cher que le laid !’’
Pourquoi ne pas faire disparaitre ou requalifier toutes ces friches industrielles, ces bâtiments anciens délabrés qui enlaidissent les routes du haut et moyen pays ?
En somme, réfléchir à un « new deal » comme le Conseil Départemental le fait avec son « green deal » pour ouvrir des espaces économiques, touristiques, environnementaux, patrimoniaux liés à ce que nous sommes et en phase avec l’avenir.

Bernard ASSO